On l’oublie souvent, le numérique pollue et les mails, avec un impact carbone élevé, ne font pas exception. Et même quand on le sait, on a souvent du mal à comprendre le pourquoi du comment. Penchons-nous ensemble sur la question.
Vous le savez peut-être, je travaille dans la communication. Et dans mon métier, on adore le numérique parce que c’est souvent moins cher que le papier, plus simple et que ça génère, en tout cas à l’oeil, moins de déchets. Et dans ma vie personnelle, le numérique tient également une place prépondérante notamment à cause du blog et des réseaux sociaux qui en découlent.
Pourtant le numérique a un impact écologique non négligeable. Et parmi le numérique, les mails, devenus de véritables objets du quotidien, ont un impact carbone important.
Essayons dans un premier temps de comprendre pourquoi avant de chercher des pistes pour réduire, à défaut d’éliminer, cet impact.
Le mail en chiffres
Pour comprendre l’étendue du problème, il faut d’abord prendre conscience que l’email est partout.
En 2019, un français recevait en moyenne 39 mails par jour. Ce qui représente à l’échelle de la population française 1,4 milliards de mails envoyés chaque jour, hors spam. Cette même année, nous étions 42 millions de français a disposé d’une ou plusieurs boîtes mails (2,1 en moyenne). Et je ne vous parle que de la France.
A l’échelle du monde, 293 milliards de mails (hors spam encore) transitent chaque jour pour 4,4 milliards de boîtes mail. Vertigineux non ?
Le mail est le deuxième service utilisé par les internautes et 59% des français reconnaissent même écrire plus facilement des mails que des courriers. Bref, vous l’avez compris, le mail est partout et ce n’est pas près de changer.
Mais alors pourquoi ça pollue les mails ?
Je l’ai dit plus haut : ce qui pose problème avec les mails, c’est leur empreinte carbone. L’empreinte carbone, c’est quoi ? C’est le volume de CO2 émis par un objet tout au long de sa vie, de sa fabrication à sa transformation en déchet. Ce qui produit ce CO2, ce sont les matières premières et les énergies sollicitées. Vous me voyez venir ?
Votre mail, aussi immatériel soit-il, a quand même besoin d’énergie pour exister, de beaucoup d’énergie même. Quand on envoie un email, un serveur le crée, le stocke et assure son envoi. Pour le lire, le serveur demandera encore de l’énergie. Et si vous le conservez, en boîte d’envoi, en boîte de réception ou dans tout autre dossier de votre mail, il faudra de nouveau que le serveur utilise de l’énergie à chaque fois que vous voudrez le relire.
Ce serveur n’est évidemment pas tout seul mais est installé dans un immense data centers avec des centaines d’autres serveurs. Tous consomment énormément d’électricité pour fonctionner ET aussi pour se refroidir.
En 2011, l’ADEME a ainsi calculé qu’un mail contenant une pièce jointe d’1 Mo avait un impact carbone de 19g. Ramené à une entreprise de 100 personnes, l’impact annuel serait de 13,6 tonnes équivalent CO2 soit plus que ce que consomme en moyenne un français chaque année (11 tonnes équivalent CO2).
Alors comment on réduit l’impact carbone de nos mails ?
Réduisez vos envois, allégez vos mails
Pour régler un problème, il faut souvent s’attaquer à la racine de celui-ci. Je me doute bien que vous n’allez pas abandonner les mails dès la fin de cet article mais peut-être que ce matin, vous irez discuter avec votre voisine de bureau plutôt que de lui envoyer un mail pas si utile que ça. On peut aussi favoriser l’usage des appels, des SMS et même des courriers pour limiter le nombre de mails envoyés. Et bien sûr, limitez aussi au strict nécessaire le nombre de destinataires.
Pensez aussi à alléger vos mails en supprimant les pièces jointes inutiles. Quand vous le pouvez, privilégiez le transfert par clé USB ou par des serveurs comme Wetransfer ou encore mieux FileVert qui ne stockent que provisoirement vos fichiers. Et compressez, compressez les pièces jointes restantes et les signatures mails visuelles.
Désabonnez-vous des newsletters inutiles
Vous êtes-vous déjà amusé(e) à compter le nombre de newsletters reçues chaque jour ? Et combien de newsletters supprimées sans être lues ? Prenez le réflexe de chercher la petite mention de désabonnement tout en bas des newsletters qui ne vous intéressent plus. Vous verrez immédiatement votre nombre de mails reçus chuter.
Si vous n’avez pas le courage de le faire vous-même, vous pouvez également utiliser le site Cleanfox qui a été pensé pour ça. C’est simple et rapide ! J’ai cependant l’impression que ça fonctionne mieux quand votre boîte de réception est pleine à craquer. Pour moi qui aime les boîtes de réception vide, ce n’est pas parfait mais ça fait quand même très bien le job.
Faites du ménage
Pour diminuer l’impact carbone des mails, un grand ménage s’impose !
Partez d’abord en fouille archéologique pour retrouver les boîtes mail que vous n’utilisez plus. Ce n’est pas parce que vous ne les voyez plus, qu’elles n’existent plus ! Alors supprimez-moi tout ça sans état d’âme. Pas toujours facile de trouver seul comment faire mais votre moteur de recherche vous trouvera sûrement un mode d’emploi.
Rendez-vous ensuite sur les boîtes mail que vous utilisez toujours et virez moi tout l’inutile. N’oubliez aucune boîte : réception, envoyés, brouillon, indésirables, corbeille…Tout doit disparaître! Vous serez surpris du nombre de mails inutiles on stocke. La première fois que j’ai fait cet exercice, j’ai supprimé plusieurs milliers de mails, tous stockés quelque part aux Etats Unis. Maintenant, je prends un temps chaque année pour le faire et surtout je supprime au fur et à mesure car j’adore avoir une boîte vide : c’est tellement plus reposant.
Les mails sont de plus en plus courants et machinalement leur empreinte carbone de plus en plus lourde. Avec ces quelques astuces, vous pourrez faire votre part, votre petit pas et agir à votre petite échelle. N’hésitez pas à en parler autour de vous, à vos collègues, vos amis pour faire prendre conscience de cet impact carbone invisible.
Personnellement, j’ai fait un gros tris/nettoyage sur ma boite secondaire il y a quelques années, par contre, j’ai beaucoup de mal à le faire sur ma boîte principale… surtout les mails photos (réduites mais pas compressé, je ne suis pas sûre que les grands parents sachent comment décompresser une pièce jointe …), pourtant, il faudrait…
Je vais tester cleanfox pour les newsletter car j’ai beau essayer de me désabonner, elles reviennent toujours 😒
Je me suis aperçue que je regardais assez peu les photos numériques finalement. Du coup, j’imprime régulièrement des albums photos. C’est peut être une piste à creuser ?
Le pire, c’est que je ne les regarde même pas sur la boîte mail, mais une part de moi se dit, si je perds mon ordi, j’ai toujours cette sauvegarde … il faudrait qu’on grave notre sélection annuelle pour les mettre dans les albums photos 😉
Un article ô combien important ! La sobriété numérique est une solution qu’il faut qu’on arrive à mettre impérativement en place de manière beaucoup plus globale pour une informatique durable (environnementalement et socialement). Je me permet de rajouter quelques liens, n’hésite pas à les supprimer si cela te gène !
* Une Petite BD : https://www.apc-paris.com/actualite/bande-dessinee-impacts-caches-numerique
* Un rapport complet et illustré : https://www.greenit.fr/impacts-environnementaux-du-numerique-en-france/
* Un podcast super (les épisodes 20 et 46 traitent directement de la sobriété numérique, mais beaucoup d’autres également) : https://techologie.net/episodes.html
Merci laureline pour tes partages hyper intéressants ! Le sujet est tellement vaste que j’ai pris le parti de le découper en plusieurs articles. A suivre donc 😉
J’ai beau savoir tout ça, j’avoue que mes boites mails sont pleines à craquer! Je me dis régulièrement « il faut que je fasse le tri »…et ça passe aux oubliettes! Ton article va peut-être m’aider à me motiver à me replonger dans tout ça!
La première fois est la plus dure. Après c’est une habitude qui s’installe 🙂
Coucou, je trie et je supprime très vite, j’élimine les newsletter qui se sont infiltrées (d’ailleurs je ne suis que celle des « Petits pas »…), mais le plus souvent je « coche » la case pour ne pas les recevoir.. Mais ce qui m’agace ce sont les gens qui répondent, un simple mot parfois, avec du coup la reprise de tout ce que les autres ont écrit avant !!! au lieu de faire un simple « écrire un mail », ça fait du poids non ?? Pour ce qui est des anciennes boîtes, il faut voir, car par exemple quand j’ai voulu supprimer la boîte de mon mari DCD, ce n’était pas possible !!
Comme tu le dis Emilie, ce qui ne prend que qqes minutes, on le fait tout de suite, et ainsi pas d’accumulation !!
Je suis trop fière de savoir que je suis ta seule newsletter, Françoise ! Merci de ta confiance