Et si on limitait notre production de déchets ?

Quand on y réfléchit quelques minutes, notre poubelle, noire ou recyclable, est pleine de choses qui pourraient être évitées. Mais les habitudes et la recherche de simplicité et de facilité prennent souvent le dessus nous poussant à continuer de nourrir notre chère poubelle.

Pour commencer, faisons un petit point sur la charge mentale. Je sais que la majorité d’entre vous est tout à fait prête à réduire ses déchets ou à faire des efforts pour limiter sa consommation mais A CONDITION que ça ne rajoute pas de charge mentale supplémentaire (et que ça ne coûte pas plus cher). Effectivement, en partant bille en tête ou tête baissée comme vous préférez, vous risquez de vous épuiser à vouloir penser à tout en visant la perfection.

L’effort, parce que c’en est un, doit être collectif. Impliquez votre famille à la maison, vos collègues au boulot ou vos potes au club de sport. Il y aura toujours des récalcitrants évidemment mais à 3 ou 4, la charge sera moins lourde, croyez-moi.

Deuxième petit conseil : allez-y pro-gre-ssi-ve-ment ! Adoptez une habitude après l’autre, chaque chose en son temps. C’est ce qu’on appelle la théorie des petits pas ou la méthode Kaizen. On applique un changement et quand il est bien installé, on s’attaque à un second et ainsi de suite. J’ai une amie qui s’était lancé le défi d’une nouvelle habitude par mois. J’ai trouvé l’idée géniale et ludique (et j’en ai même fait un article)

Voici quelques pistes pour réduire à la source vos déchets.

L’influence de la publicité

Longtemps, on a dit « Bon vin n’a point d’enseigne ». Manière de dire qu’un bon produit n’a pas besoin de publicité. La publicité telle qu’on la connait est née durant les 30 glorieuses, à partir des années 50. Pour créer la société de consommation qui perdure encore aujourd’hui, les publicitaires ont dû créer d’abord créer des besoins. Comment ? En trouvant des failles en nous ou dans notre intérieur et en expliquant comment combler ce besoin.

Longtemps après, je me souviens toujours de cet épisode de la série Mad men où l’agence essaie de vendre une crème hydratante. Elle interroge de nombreuses femmes pour connaître leur rituel beauté et toutes sont fières de dire qu’elles n’utilisent que de l’eau fraîche comme leur mère et leur grand-mère avant elle. Clairement, il n’y a là aucune expression de besoin. Malheureusement pour nous, je ne me souviens plus sur quel argument les publicitaires construisent par la suite leur argumentaire, seulement qu’ils s’appuie sur un médecin pour insinuer que c’est une habitude bonne à prendre pour sa santé.

Nous sommes confrontés en permanence à la publicité. Celle-ci est mise en oeuvre par des personnes qui s’appuient sur nos pulsions à répondre à nos besoins primaires ou secondaires et à appuyer là où ça fait mal. Et quand vous penserez avoir tout, ils trouveront autre chose.

Bref, garder ça en tête c’est déjà s’éliminer bon nombre de tentation. Avez-vous réellement besoin de cet aspirateur super silencieux alors que le votre fonctionne à merveille ? Cette jupe ultra tendance vous rendra-t-elle plus aimante que celles que vous avez déjà dans votre dressing ? Pas sûre…Mais dans les deux cas, vous aurez créé un déchet en bout de course.

Deux règles à retenir : les 5 R et la méthode BISOU

Si on souhaite limiter sa production de déchets, il y a deux règles incontournables à découvrir et à comprendre surtout !

Popularisée par Béa Johnson, française expatriée aux Etats-Unis et auteure de Zéro déchet, comment j’ai réalisé 40 % d’économie en réduisant mes déchets à moins de 1 litre par an !,la méthode des 5R vise à minimiser l’impact de nos déchets en suivant 5 recommandations très simples :

  • Refuser l’inutile, les produits à usage unique, les petits goodies en plastique, le suremballage…
  • Réduire sa consommation en achetant que le nécessaire
  • Réutiliser, réparer ce qui peut l’être, donner une seconde vie aux objets
  • Recycler ce qui ne peut être réutiliser
  • Rendre à la terre, composter tous les déchets organiques

Les 5 recommandations sont à prendre dans cet ordre. Le recyclage n’est pas la panacée et ne doit être pensé qu’en quatrième recours. Mais en gardant ces 5R sous les yeux pour être sur de les appliquer, vous éviterez déjà nombre de déchets. Faisons l’expérience avec ce petit jeu.

Refuser : stylo publicitaire

Réduire : le dernier smartphone à la mode

Réutiliser : une vieille montre cassée

Recycler : un bidon d’huile

Rendre à la terre : épluchures de pomme

Il y a une autre méthode que j’affectionne tout particulièrement : la méthode BISOU, créé par Marie Duboin et Herveline Verbeken, les auteures de J’arrête de surconsommer, 21 jours pour sauver la planète (et mon compte en banque !) et de L’abus de consommation responsable rend heureux qui explique justement le principe de cette méthode. Il va sans dire que je vous conseille vivement la lecture tous les livres que je mentionne ici !

Alors la méthode BISOU, qu’est ce que c’est ? C’est un acronyme qui permet de s’interroger avant chaque achat pour en évaluer sa pertinence :

  • Besoin : à quel besoin répond cet achat ? Est-ce un besoin vital comme le besoin de s’alimenter ou de se chauffer ? Ou plutôt un besoin de se sentir belle, reconnu ? Attention, la question n’est pas de savoir si vous en avez besoin mais bien de savoir pourquoi vous en avez envie.
  • Immédiat : pouvez-vous attendre quelques jours avant de vous décider ? L’idée de ce I est de limiter au maximum les achats d’impulsion. Et gare aux techniques commerciales « plus que quelques heures avant la fin de la promotion », elles ne sont pas souvent synonymes de bonnes affaires quand on y regarde de plus prêt.
  • Semblable : avez-vous déjà un produit similaire ou qui remplirait la même fonction ? On a tendance à acheter des objets assez similaires si on réfléchit bien, parfois en prétextant que celui-ci a ce petit truc en plus, que finalement vous avez déjà aussi sur un autre objet. Bref, vous voyez l’idée.
  • Origine : d’où vient ce produit ? Dans quelles conditions a t-il été fabriqué ? Pour Marie Duboin et Herveline Verbeken, comme pour moi, l’idée de consommation responsable est primordiale car nos choix d’achat peuvent avoir un impact négatif à l’autre bout de la planète. Et ça, vous comme moi n’en voulons pas.
  • Utile : cet objet va t-il vous être d’une réelle utilité ou allez-vous l’utilisez seulement deux fois ? Régulièrement, j’annule des achats en m’apercevant que mon besoin est finalement très ponctuel et que l’objet finira par prendre la poussière dans un coin.

Parés de ces deux méthodes, vous devriez déjà éviter bon nombre d’achats inutiles. Et comme on est sympas, mes petites mains et moi, on vous a préparé deux jolies illustrations, à retrouver en fin de livre, à découper ou à photographier pour avoir toujours sous la main vos antisèches.

Quid du greenwashing ?

Si on les écoutes, toutes les entreprises aujourd’hui sont engagées dans une démarche écologique. Pourtant, nombre d’entre elles n’utilisent cet « engagement » souvent peu solide que pour cacher des affaires moins glorieuses. Et c’est vrai dans tous les secteurs d’activités. C’est ce qu’on appelle le greenwashing et ce n’est ni plus ni moins qu’une technique de communication et de marketing.

Mais comment le repérer concrètement ? Pour commencer, méfiez-vous des labels privés ou inconnus. Il est aujourd’hui assez facile de se décerner soi-même des médailles. Le label Eco2 permet par exemple de valoriser les modèles de voiture les moins polluants de chez Renault uniquement. Ne vous laissez pas prendre non plus par l’utilisation de la couleur verte ou par des images ou mots ayant trait à la nature. Attention également aux chiffres cités : sont-ils clairs, sourcés ? Enfin, rappelez-vous que la compensation n’est pas une fin en soi. L’idée est bien de réduire les impacts néfastes, pas de se donner bonne conscience en plantant des arbres.

Si le sujet vous intéresse et que vous avez envie de creuser davantage, je vous invite à lire le guide anti greenwashing du collectif Pour un réveil écologique.

Une dernière réflexion (ou presque) avant le passage à l’acte

Vous êtes prêt à acheter cet objet. Vous êtes sur de ne pas avoir été influencé par la publicité, l’objet a passé le test de la méthode BISOU et les deux premiers R de la méthode de Béa Johnson. En bonus, vous êtes même quasi persuadé que la marque ne fait pas de greenwashing et que c’est bien une entreprise vertueuse ou qui tend réellement à l’être. Maintenant on fait quoi alors ?

Deux dernières questions pourraient vous permettre de faire votre achat en toute conscience. Votre besoin est-il récurrent ou occasionnel ? Dans le second cas, peut-être pouvez-vous envisager de l’emprunter à un ami, un voisin ou un collègue ? Il existe également différentes structures qui prêtent différentes choses : médiathèques pour les livres et les différents médias, ludothèques pour les jeux et jouets, location de vêtements, d’outils de bricolage… Cela vaut le coup de prendre une petite heure en plus pour se renseigner sur ce qui existe autour de chez vous ou pour trouver un ami prêteur.

L’objet de vos rêves est-il disponible d’occasion ? En privilégiant l’occasion à chaque fois que c’est possible, on contribue à prolonger la vie d’un objet et donc à l’éloigner de la poubelle. Généralement, vous y ferez même des économies au passage. Là aussi, vous pouvez vous tourner vers différentes structures : Emmaüs, recycleries, Vinted, Le Bon Coin, Facebook Market…

Et le suremballage on en parle ?

Avant de passer à notre deuxième partie, faisons un aparté sur le suremballage, ce fléau. Aujourd’hui, les emballages occupent environ la moitié de nos poubelles. En cause l’essor de la vente emporter et de la restauration rapide mais aussi le peu d’effort des industriels en la matière.

Zéro Waste mentionne dans son livre Territoire Zéro Waste que la consommation de plastique a été multiplié par 20 dans le monde en 50 ans et que seulement 9% de ce volume a été recyclé.

Devant ce constat peu ragoûtant, quelles solutions ? Prêter attention à l’emballage de vos produits et visez toujours le moins pire. Du vrac quand c’est possible ou en tout cas pas d’emballage inutile, du verre ou de l’acier plutôt que du plastique… Et n’hésitez pas à en parler à votre boulanger ou à votre marque préférée. Signaler que le suremballage nous gêne, c’est contribuer à la prise de conscience.

Le cas particulier du gaspillage alimentaire

En France, le gaspillage alimentaire représente 10 millions de tonnes de marchandises chaque année dont plus d’un tiers, 33% pour être précise, est liée directement à notre consommation. Pour que vous puissiez briller en société, sachez qu’un autre tiers est lié à la production et que le dernier tiers se partage entre la phase de transformation (21%) et de distribution (14%).

Ramené à un foyer de 4 personnes, cela représente 120 kilos par an dont 28 kilos de produits non consommés encore emballés. Si ça vous paraît énorme, pensez à ses fruits trop murs, à cette carotte défraîchie ou encore à cette vieille conserve douteuse trouvée au fond du placard. Heureusement, comme pour tous les déchets, on peut en éviter une très grande partie.

Une bonne façon de limiter ce genre de gaspillage est de réaliser ses menus à la semaine, à la quinzaine ou juste sur quelques jours si vous préférez faire vos courses régulièrement. En anticipant vos repas, vous n’achèterez que le nécessaire, limitant ainsi vos déchets. Il y a aussi un autre exercice que j’apprécie beaucoup. De temps en temps, je me lance le défi de composer mes menus uniquement grâce au contenu de mes placards, de mon frigo et de mon congélateur. Je m’autorise à acheter un peu de frais pour compléter, équilibre alimentaire oblige. En procédant ainsi, je m’assure de sacrés économies et je suis certaine de repartir sur une base saine en n’oubliant aucune vieille boîte dans un coin. Et si par hasard, vous trouviez un produit que vous ne consommez vraiment pas, il est toujours possible de le donner à quelqu’un de votre entourage ou via des sites de dons comme Geev par exemple. Vous savez ce qu’on dit :  « les déchets des uns sont les trésors des autres ! ».

Vous pouvez également apprendre à cuisiner les fruits et légumes en fin de vie ; ils seront parfaits en compote, confiture ou purée. Vous pouvez également transformer votre pain dur en croûtons en les cuisant 10 minutes à 180° après les avoir frotté à l’ail et aux fines herbes. Vous pouvez également le mixer pour réaliser votre chapelure maison.

Enfin, dernier niveau du super anti-gaspi : la cuisine des épluchures. Les épluchures de légumes passées au four deviendront de super chips pour l’apéro. Les fanes de carottes pourront être transformées en pesto. De nombreux bouquins et sites internet recensent de nombreuses recettes délicieuses pour apprendre à cuisiner ces restes pleins de vitamines.

Nous, consommateurs, pouvons également faire diminuer le gaspillage issu de la distribution. De plus en plus de magasins valorisent les produits à date courte. Cela peut perturber un peu vos menus de la semaine, commencez donc par aller jeter un œil à ces produits et réadaptez votre organisation. Deux applications vous aident à récupérer des paniers d’invendus : Too Good Too Go et Phenix. Les deux bénéficient d’un réseau de magasins différents, n’hésitez donc pas à jeter un œil aux deux pour savoir lequel est le plus intéressant pour vous. Sinon le principe est assez similaire : l’application vous signale un ou des panier(s) disponibles. Parfois, vous aurez une grande idée du contenu (légumes, épicerie, fleurs), parfois pas du tout (surprise!). La réduction est de l’ordre de 50 à 70% selon les enseignes. Si vous êtes prêts à essayer de nouveaux produits ou à cuisiner des produits différents, ces applications sont idéales.

Voilà un article bien complet n’est-ce pas ? La semaine prochaine, on parlera de comment prolonger la vie de vos objets pour réduire encore vos déchets. J’espère que vous serez encore là !

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2 réflexions au sujet de “Et si on limitait notre production de déchets ?”

  1. Bonjour,
    Je connaissais bien les 5R et la méthode BISOU (j’adore son nom!) mais j’avoue que de temps en temps : « bon, allez, je me laisse tenter, c’est pour toutes les fois où j’ai fait attention, j’ai le droit à un écart! »
    Cette phrase est encore bien présente chez moi! Surtout que je suis la seule de la maison à essayer de réduire mes déchets! J’essaye de transmettre ces valeurs à mes enfants, mais pour l’instant ils n’en voient pas l’intérêt…pour eux (surtout pour le grand) à partir du moment où le déchet est à la poubelle et non pas dans la nature, tout va bien! 🙁
    Y’a encore un peu de travaille!

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