La pollution liée à l’utilisation d’internet est indéniable. La semaine dernière, j’ai dédié un article entier à la pollution liée aux mails. Cette fois, nous allons balayer un peu plus large.
Si vous lisez régulièrement mes articles, vous savez que je fais attention à beaucoup de choses au quotidien : mon alimentation, mes consommations d’eau et d’énergies, la façon dont je place mon argent…Et paradoxalement, j’avoue être tout à fait accro au numérique. Je passe énormément de temps sur les réseaux sociaux, et encore plus de temps à lire, m’informer et me documenter sur les sujets qui me passionnent.
Pourtant nous allons le voir, tous ces usages ont un impact énorme en terme de pollution. Impact qui peut souvent être limité à l’échelle personnelle par quelques gestes simples.
La pollution d’Internet liée aux appareils
En fait, la pollution est liée à deux choses : les terminaux que l’on utilise et l’usage même d’internet. Dans les deux cas, elle est bien souvent invisible cette pollution car tout se passe loin de nos yeux. Loin des yeux, loin du coeur.
Pourquoi ça pollue ?
Si on évite souvent d’y penser, difficile d’affirmer qu’on ne sait pas que nos appareils polluent. L’ordinateur ou le portable que vous utilisez justement pour lire cet article contient de nombreux minerais rares venus des quatre coins du monde : le tantale, le lithium, l’or et même les terres rares chinoises. Leur extraction requiert énormément d’eau, d’énergies fossiles et de ressources variées. A cette consommation excessive s’ajoute une pollution environnementale car ce type d’extraction laisse généralement de nombreuses traces sur le milieu : pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques, rejets toxiques dans l’air… Et bien sûr, tout cela dans des conditions humaines et sociales souvent désastreuses…
Et si on se penche maintenant sur la fin de vie des appareils, ce n’est pas tellement plus glorieux. On sait qu’aujourd’hui que beaucoup de déchets électroniques échappent aux filières de recyclage et ne sont donc pas retraités correctement. Ou que leur modèle de fabrication empêche un recyclage correct des matières premières.
Comment agir à notre échelle ?
Lancés dans une course effrénée, beaucoup pensent que plus c’est gros, mieux c’est. Il faudrait en réalité se rappeler que plus c’est gros, plus c’est polluant.
Alors on fait quoi ? On commence déjà par réfléchir à nos usages pour ne pas systématiquement acheter des produits connectés : assistants virtuels, pèse-personne, montre, frigo intelligent… Limitez-vous volontairement à ce qui est utile et pertinent pour vous.
Cette étape passée, vous avez tout de même besoin d’acheter. Privilégiez le reconditionné ou l’occasion. Personnellement, j’utilise Back Market deux fois par décennie pour changer mon portable et j’en suis ravie. En optant pour ce type d’achat, vous évitez l’extraction de nouvelles ressources et donc de nouvelles pollutions. Quand c’est possible, optez toujours pour l’appareil présentant la plus faible consommation.
Prolongez au maximum la durée de vie de votre produit. Veillez à l’utiliser correctement, réparez-le si nécessaire. J’ai fait tout un article sur le sujet où vous trouverez pleins de bonnes adresses.
Enfin, si c’est vraiment cuit, recyclez-le pour limiter la casse. Des filières appelées DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques) sont présentes aujourd’hui dans toutes les déchetteries de France. Certains points de récupération sont également installés en magasins.
Et petit aparté mais vous pouvez également penser à éteindre votre box pendant la nuit parce qu’elle consomme autant d’énergie qu’un grand frigo. Et préférez le wifi à la 3G/4G/5G, nettement plus gourmand.
Et la pollution d’Internet tout court alors ?
Maintenant que la question des appareils est surement plus claire pour vous, penchons-nous sur la question de l’internet à proprement parler.
Comment ça peut polluer Internet ?
J’en ai parlé dans l’article sur les mails mais Internet est loin d’être immatériel. Pour faire tourner cette énorme machine, il en faut justement des machines ! Plein de machines ! Et rappelez-vous les terminaux polluent à la fabrication et à l’usage car ils sont souvent très énergivores ce qui n’arrange en rien leur impact carbone.
Si les mails ne sont qu’une toute petite partie de cette pollution, le streaming en plein boom représente à lui tout seul 1% des émissions mondiales de carbone selon le Shift Project. Et nous sommes de plus en plus nombreux à regarder des vidéos sur internet chaque jour.
Alors on fait quoi ?
On ne vous demande évidemment pas de devenir Amish, n’en déplaise à notre cher président, mais plutôt de réfléchir à vos usages, d’être conscient de leur impact.
Beaucoup de smartphone proposent aujourd’hui de comptabiliser le temps passé sur Internet et les réseaux sociaux. Vous pouvez même décider sciemment de vous fixer une limite de temps quotidienne. En quittant les écrans, vous vous libérez du temps pour tout le reste. Une option intéressante à envisager donc.
Si vous ne vous sentez pas de diminuer votre consommation de vidéos en ligne ou en streaming, vous pouvez faire le choix volontaire de diminuer la qualité d’image et de paramétrer correctement la résolution (240p pour un portable, 720p pour un ordinateur).
Vous pouvez également bloquer la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux. Inutile de consommer des ressources pour des choses qui ne vous intéressent pas, n’est-ce pas ?
Comme pour les mails, pensez à nettoyer régulièrement vos cloud pour éviter le stockage de documents, photos ou vidéos inutiles.
Ce ne sont que de touts petits gestes mais mis bout à bout, ils permettront de diminuer, ou au moins de stabiliser, notre impact carbone numérique. Au-delà de l’importance d’agir, il est souvent tout aussi important de réfléchir, d’interroger nos pratiques personnelles. A vous de trouver vos propres limites !
Pour limiter l’impact environnemental de son utilisation d’internet, on peut faire des choix extrêmes (aucun réseau social, des sites internet sans images ou sans publicités etc) et des choix plus « réalistes » à l’échelle d’une population : comme tu le dis, limiter l’utilisation des cloud ou la consommation de vidéo en streaming, mais aussi utiliser des moteurs de recherches plus écologiques (Ecosia, Lilo) ou carrément des navigateurs plus éco-responsables. Le design low-tech à une belle carrière devant lui !
Je te partage le cahier d’idées pour un navigateur écologique du collectif BAM que tu connais peut être et qui est bourré de bonnes idées : https://cahier.collectifbam.fr/navecolo/
Un site qui fonctionne uniquement à l’énergie solaire, preuve que c’est possible et pas si complexe : https://solar.lowtechmagazine.com/fr/about.html
Enfin, tout plein d’outils : https://collectif.greenit.fr/outils.html