Parfois, nos pensées sont de vrais boulets. C’est mon cas, et celui d’une grande partie de la population, à chaque fois que je fais face à un succès. Entre sentiment de ne pas mériter la situation et crainte d’être démasqué(e) comme incapable, le syndrome de l’imposteur peut faire des ravages.
D’aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours souffert d’un manque d’estime de moi-même et j’ai souvent eu l’impression de ne pas mériter ce qui m’arrivait ou les compliments qu’on me faisait. Et puis il y a quelques années, on a commencé à beaucoup entendre parler du sentiment de l’imposteur.
Comme j’ai besoin d’étudier pour comprendre, j’ai donc écumé le web à la recherche d’informations sur cette expérience fort désagréable qui touche de nombreuses personnes, tous sexes confondus.
C’est quoi le syndrome de l’imposteur ?
Le terme de « syndrome de l’imposteur » est né à la fin des années 70 des études de deux psychologues américaines Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes. A l’époque, elles le décrivent comme « un fantasme masochiste sapant les mécanismes narcissiques et polluant l’existence du sujet étudié ». Ou si comme moi, vous n’avez pas fait psycho, comme « la sensation désagréable de douter en permanence de ses capacités, de ne pas se sentir légitime dans son statut actuel, et de ne pas réussir à s’approprier ses succès« .
60 à 70% des personnes douteraient, à un moment ou à un autre, de la légitimité de leurs succès. Elles sont convaincues de leur manque de compétences, de savoir-faire ou de légitimité. Par conséquent, elles ont toujours l’impression que quelqu’un démasquera un jour leur imposture et montrera leur incapacité réelle.
D’autres psychologues indiquent dans leurs travaux que le syndrome de l’imposteur est lié à la peur de réussir et qu’il empêche les personnes touchées de développer leur plein potentiel en se créant elles-mêmes leurs propres freins.
Syndrome de l’imposteur ou simple peur de l’échec ?
En 1985, Pauline Rose Clance a mis en place une échelle permettant de mesurer si une personne présente des caractéristiques du phénomène de l’imposteur et à quel point cela impacte sa vie quotidienne. Composé de de 20 questions, ce test disponible en ligne nécessite de répondre spontanément. Le résultant étant disponible immédiatement par un système de calcul de points, je me suis prêtée au jeu pour vous. Plus le score est élevé, plus le syndrome de l’imposteur interfère dans la vie d’une personne.
Sans surprise, j’obtiens un score de 67/100, je fais donc fréquemment l’expérience du complexe de l’imposteur. Les pensées bloquantes sont, en effet, un phénomène récurrent chez moi. Et comme beaucoup de personnes concernées, j’applique ce qu’on appelle la stratégie overdoing. J’investis une très grande énergie dans chaque tâche à accomplir et chaque succès me paraît donc lié à mes efforts et non à mes compétences réelles. Une autre stratégie, underdoing, prépare les personnes à l’échec en réfléchissant à des explications en amont du projet et attribue toute réussite à la chance ou à un contexte particulier. Par exemple, 7 ans après, je suis toujours intimement convaincue d’avoir décroché mon concours de rédacteur (coucou la fonction publique territoriale !) grâce aux multiples abandons enregistrés sur cette session. Le fait que j’ai travaillé dur pendant plus d’un an passe ainsi totalement à la trappe pour mon pauvre cerveau.
Surmonter le syndrome de l’imposteur
Comme beaucoup d’autodidactes, les réussites de mon parcours ne suffisent pas à effacer ce sentiment tenace d’infériorité. Heureusement, ce n’est pas une fatalité et j’ai trouvé de nombreux conseils pratiques pour surmonter ce sentiment.
Prendre le temps d’objectiver ses réussites
Se raccrocher à des faits concrets permettrait de déjouer le sentiment d’imposture. A chaque réussite, prenez le temps de décrire la situation et la cause réelle du succès. Cela vous permettra de prendre du recul et de se recentrer sur ses talents et compétences. Plus vous croirez en ceux-ci, moins vous attribuerez vos succès à la chance ou au hasard.
Lister ses tâches quotidiennes
Au travail, le sentiment d’imposture peut s’avérer extrêmement pénalisant, entre travail intense et procrastination liée à la peur de l’échec. Listez vos tâches quotidiennes devraient permettre de contrarier ces deux tendances. Le tout, ce sera de s’y tenir !
En parler
Si je vous dis qu’Albert Enstein et Michelle Obama ont souffert dans leur vie de ce sentiment d’imposture. Ca vous parait dingue hein ? Pourtant, si vous osiez partager vos difficultés et vos sentiments, vous seriez surpris de voir le nombre de personnes dans votre entourage à ressentir plus ou moins la même chose, ou à l’avoir ressenti dans le passé. En parler vous permettra donc de relativiser ce sentiment désagréable.
A force de répétitions « Je ne suis pas un imposteur et je mérite ce qui m’arrive », vous parviendrez à vous libérer de vos pensées négatives, ou en tout cas à faire avec.
Avez-vous le test ? Comment vous situez-vous ? Quels sont vos trucs pour faire face ?